Un journal a publié un article sur les biens de Monsieur le Premier Ministre. Le jour suivant, après vérification, le journal a publié un deuxième article pour rectifier les premiers chiffres avancés. Dans notre métier, c’est courant. Cet incident est un cas d’école pour tous.
Selon les règles de notre métier, le journaliste revérifie et avise sa rédaction. Dans ce cas, la rédaction se réunit et décide de publier un Erratum. C’est-à-dire un article où il est bien précisé qu’il y a eu erreur dans la première publication, en quoi consiste cette erreur, et présente ses excuses d’abord à ses lecteurs puis au mis en cause.
La personne mise en cause peut réagir de plusieurs manières. Il peut envoyer une lettre que la rédaction publie. Il peut choisir de laisser tomber. Il peut saisir le tribunal de son choix, mais il sera difficile de juger une rédaction qui a reconnu son erreur et qui a rectifié aussitôt.
Ça, c’est le fonctionnement normal. On a prévu ça, parce qu’il n’y a pas une seule personne au monde qui ne se trompe jamais. Seulement, les autres travailleurs, lorsqu’ils se trompent, on l’apprend rarement. Ils peuvent donc se permettre de venir jouer les vertueux devant les journalistes.
On sait aussi que le journalisme est un métier particulier. Si vous êtes un responsable public ou un chef d’entreprise, une information peut être profitable pour vous, ou faire des dégâts. Voilà pourquoi dans tous les pays, on a une autorité de régulation. Et le journaliste est tenu par une déontologie rigoureuse.
Quand je dis déontologie, ça peut faire rigoler. Mais pour le journaliste, c’est très important parce que sa carrière en dépend. Si vous dirigez une rédaction, vous n’allez pas envoyer un journaliste dont la conduite cause du souci. Vous allez privilégier les journalistes qui ne provoquent pas du désordre. Et même s’il démissionne pour aller dans un autre média, ce journaliste sera suivi par sa réputation d’agent "peu sérieux". Ça peut le pénaliser toute sa vie.
Ce que je dis là, c’est comment les choses fonctionnent. Les autres choses, je ne sais pas. Je connais ce média de très loin et je ne connais pas leurs relations avec l’autorité citée. Dans ce genre de cas, la prudence commande de se taire quand on manque d’informations.
Sayouba Traoré