Le Burkina Faso a célébré sa Journée nationale de la liberté de presse le 20 octobre, avec des activités orchestrées par le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ). Cette année, la célébration a été marquée par des événements variés, dont la remise du prix Marie Soleil Frère à la meilleure femme journaliste du pays, un mini tournoi de football et une cérémonie officielle qui a eu lieu le 21 octobre 2024 à Ouagadougou. Le thème de cette année, « Ne brisons pas le rempart : alerte sur la mort du journalisme », souligne les défis cruciaux auxquels la presse est confrontée.
La cérémonie officielle a débuté par la lecture de l’éditorial emblématique de Norbert Zongo, intitulé « Ne brisons pas le rempart », publié en 1993 dans son journal « L’Indépendant ». Cet éditorial, toujours pertinent, évoque les épreuves vécues par la presse à l’époque, tout en résonnant avec la situation actuelle, marquée par des tensions socio-politiques.
Une Situation Alarmante pour le Journalisme
Guézouma Sanogo, président du comité de pilotage du CNP-NZ, a exprimé des inquiétudes profondes quant aux menaces pesant sur le paysage médiatique burkinabè. Les journalistes doivent faire face à des défis multiples : menaces technologiques, risques sécuritaires liés à la lutte contre le terrorisme, restrictions à la liberté d’expression et fermetures de médias. Selon Sanogo, « l’heure est grave pour la presse, menacée de disparition ». Il a dénoncé la criminalisation du journalisme d’opinion, un aspect fondamental de la liberté de la presse.
« La presse burkinabè est devenue atone, aphone », a-t-il alerté, ajoutant que des mesures répressives, telles que les arrestations et disparitions de journalistes, sont devenues trop fréquentes. En choisissant de revenir sur l’éditorial de Zongo, Sanogo souhaite éveiller les consciences sur les dérives actuelles en utilisant les mots d’un symbole du journalisme national.
État des Lieux de la Liberté de Presse
Lors de cette célébration, un rapport sur la situation de la liberté de presse au Burkina Faso a été présenté. En 2023, le pays a obtenu une note de 1,96 sur 4, reflétant une détérioration par rapport à 2022, où la moyenne était de 2,21. Cette note indique que, bien que le Burkina Faso respecte les conditions minimales pour la liberté de la presse, des forces sociales et institutionnelles s’opposent à sa mise en œuvre effective.
« Ce rapport met en lumière des problèmes spécifiques qui entravent l'exercice de la liberté de presse », a-t-on lu dans le document.
Des Panels pour Réfléchir et Agir
L’événement a également été l’occasion d’animer deux panels. Le premier, dirigé par le Pr Mahamadé Sawadogo, a examiné le rôle de l’opinion publique et l’évolution de la presse depuis l’époque de Norbert Zongo. Il a souligné que l’éthique et la déontologie demeurent des impératifs incontournables pour les journalistes.
Le second panel, animé par Dr Cyriaque Paré, s’est penché sur les relations entre le numérique, les médias sociaux et la presse traditionnelle. Dr Paré a mis en lumière les défis posés par la désinformation et la compétition accrue engendrée par l’avènement des nouvelles technologies.
La Journée nationale de la liberté de presse 2024 a été un moment fort pour rappeler les enjeux critiques du journalisme au Burkina Faso. À travers la résonance du passé et la nécessité d'une réflexion collective, les acteurs de la presse sont appelés à défendre et à promouvoir la liberté d’expression, afin de préserver un rempart contre les dérives qui menacent l’avenir du journalisme dans le pays.
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