En ce mercredi 2 octobre 2024, le quartier non loti du secteur 22 de Bobo-Dioulasso a été le théâtre d'une manifestation marquée par une forte mobilisation des résidents, animés par des revendications pressantes. Ces derniers cherchent à alerter les autorités compétentes sur la précarité de leur situation foncière et exigent la libération d’un de leurs camarades, actuellement incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso (MACB).
« Nous réclamons nos parcelles volées ! » ; « Non au déguerpissement ! » ; « Libérez notre camarade ! » ; « A bas la corruption au non loti du 22 ! » : autant de slogans inscrits sur des pancartes brandies par des manifestants, illustrant la détermination des habitants à faire entendre leur voix face à ce qu'ils considèrent comme une injustice criante.
Selon Ibrahim Sanogo, porte-parole des manifestants, la source de ce mécontentement remonte à 2006, année durant laquelle un recensement et un lotissement de la zone ont été effectués. Alors que le lotissement a permis la création de plus de 3 000 parcelles, le recensement ne comptait que 1 200 résidents. En 2010, une première liste de propriétaires a été affichée, mais celle-ci révélait de nombreuses irrégularités, notamment des pièces d'identité dont la date d'émission était postérieure au recensement.
Suite aux dénonciations des résidents, cette liste a été retirée par la mairie pour correction, mais aucune nouvelle n'a été fournie depuis. En 2014, le gouvernement burkinabè a suspendu toutes les activités de lotissement pour apurer le passif foncier, et la municipalité de Bobo-Dioulasso a également cessé toute opération de viabilisation dans les zones à conflit.
Ibrahim Sanago déplore que certains individus, se cachant derrière une association dénommée Wili Kadjo, tentent de saper les efforts de vérification en usurpant des identités et en procédant à des constructions illégales, exacerbant ainsi le désordre dans la zone. « Ces personnes ont mis en place un système où elles se présentent comme des agents du cadastre, alors que ce dernier ne s'occupe plus de la zone en raison de l'arrêt des lotissements », a-t-il précisé.
Le climat de tension s'est intensifié avec l'arrestation de Momo Ollo Michel, interpellé le 11 septembre dernier lors d'une confrontation entre résidents. Ce dernier a été accusé de troubles à l'ordre public suite à des tentatives de construction sur une parcelle, une situation qui a conduit à des oppositions au sein de la communauté.
Les manifestants appellent à la libération de leur camarade, arguant que cette arrestation pourrait légitimer les actions de l'association Wili Kadjo et compromettre la restitution des parcelles volées. Ils demandent aux autorités judiciaires de considérer l'ensemble des fraudes orchestrées dans la zone et de sanctionner les véritables responsables.
Ibrahim Sanago a conclu en exhortant le gouvernement, en particulier le ministre de l'Urbanisme, à s'emparer de cette situation critique, afin de permettre la vérification des droits fonciers et de traduire en justice ceux qui ont profité de la situation.
Dans un témoignage poignant, la femme de Momo Ollo Michel a exprimé son désespoir face aux difficultés qu'elle endure en l'absence de son mari, notamment en ce qui concerne la scolarisation de leurs enfants. Son appel à l’aide résonne au sein de la communauté, unissant les résidents dans leur quête de justice et de reconnaissance de leurs droits fonciers.
Intégration BF