Tiégnan Hamidou, conseiller d'éducation féminine au sein du ministère de l'Action humanitaire, ainsi que deux de ses complices, Ouédraogo Salifou et Bayoulou Philippe, ont été interpellés par les services de police dans le cadre d'une enquête pour des faits de détournement de fonds publics. Placés sous mandat de dépôt, ils sont inculpés de faux en écriture publique, usage de faux, détournement de fonds publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux.
L'annonce a été faite lors d'une conférence de presse par le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou 1, ce vendredi 7 novembre 2024. Le dossier sera jugé au cours de la première session du pôle économique et financier, prévue du 15 au 30 novembre 2024.
Le 4 novembre 2024, le Président du Faso, Ibrahim Traoré, avait révélé le démantèlement d'un vaste réseau de détournements de fonds au sein du ministère de l'Action humanitaire. De nouvelles informations ont éclairci l'ampleur de ce phénomène et les méthodes employées par les suspects.
Mode opératoire et ampleur du détournement
Selon le Procureur du Faso, M. Blaise Bazié, l'enquête a été ouverte à la suite d'une dénonciation, le 8 octobre 2024, du directeur de la gestion des finances du ministère de l'Action humanitaire et de la Solidarité nationale. Ce dernier avait porté plainte contre M. Tiégnan Hamidou pour des faits de détournement de fonds publics, de faux et usage de faux, ainsi que de blanchiment de capitaux, causant un préjudice à l'État supérieur à trois milliards de francs CFA.
L'enquête a révélé que M. Tiégnan, en sa qualité de gestionnaire du compte "Renforcement de la protection sociale" (PRO-SOC) destiné aux personnes déplacées internes (PDI), a recouru à des pratiques frauduleuses pour détourner les fonds. Il a imité et reproduit les signatures de ses supérieurs hiérarchiques afin d'émettre des chèques-trésors à son propre nom ou à celui de complices, tout en falsifiant les états financiers pour dissimuler les irrégularités.
Saisie des biens et évaluation des préjudices
Une enquête de patrimoine a permis de saisir de nombreux biens, dont des voitures de luxe, des camions citernes, des cars de transport en commun, plusieurs parcelles de terrain, ainsi qu'une ferme comportant des animaux de grande valeur. La valeur totale des biens saisis est estimée à plus de 166 millions de francs CFA en numéraire, qui ont été déposés à l'Agence nationale de gestion et de recouvrement des avoirs saisis ou confisqués (ANAGRASC).
D’après les mises en cause, la valeur des biens meubles, essentiellement constitués de véhicules, est estimée à 471 250 000 F CFA. Quant aux immeubles, leur valeur dépasse 1,5 milliard de francs CFA.
Poursuites et rétablissement des fonds
Les faits de détournement se seraient produits entre 2020 et 2024. Le Procureur a précisé que la priorité des autorités reste le recouvrement des fonds détournés, bien que les poursuites judiciaires et l’incarcération des suspects soient également envisagées. Il a ajouté que M. Tiégnan et ses complices ont été assistés par leurs avocats tout au long de la procédure.
Enfin, M. Bazié a annoncé que la première session du pôle économique et financier, qui se tiendra du 15 au 30 novembre 2024, sera marquée par le jugement du dossier Tiégnan Hamidou. Huit autres affaires impliquant 102 agents publics seront également jugées, pour des faits similaires de détournement de fonds publics et d'infractions connexes.
Cette affaire s'inscrit dans un cadre plus large de lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics, avec plusieurs autres dossiers en attente d’être examinés avant la fin de l'année 2024.
Intégration BF