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La France perd progressivement ses alliés dans la région du Sahel, marquant un tournant significatif dans ses relations avec ses anciennes colonies africaines. Après son retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso, l’annonce récente de la fermeture de la base française au Sénégal et de la fin de la coopération militaire avec le Tchad s’inscrit dans un contexte de désengagement croissant de la part des pays sahéliens vis-à-vis de la présence militaire française.
La décision du président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, d’ordonner la fermeture de la base française permanente sur le sol sénégalais constitue une nouvelle étape dans cette tendance. Elle révèle, une fois de plus, l’affaiblissement progressif de l’influence de la France sur ses anciennes colonies en Afrique de l'Ouest. La contestation de la présence militaire française, qui a débuté au Mali, s’est progressivement propagée à d’autres pays de la région, y compris le Burkina Faso et le Niger. Le Sénégal, pourtant l’un des pays les plus stables d’Afrique de l'Ouest, ne semble pas être une exception.
Élu en mars 2024, le président Faye avait déjà exprimé, au cours de sa campagne électorale, son intention de revoir les relations avec la France. Ses déclarations après son élection ont fait écho à ce sentiment. Dans des interviews accordées à la presse française le 28 novembre 2024, il a déclaré qu’il ne devrait pas y avoir de troupes étrangères dans un pays souverain et indépendant. Cette prise de position confirme la volonté de son gouvernement de prendre des mesures concrètes en matière de révision des accords de coopération militaire, notamment en ce qui concerne la base française située à Dakar.
Le même jour, le Tchad a annoncé la résiliation de son accord de défense avec la France, marquant ainsi un autre revers pour la diplomatie militaire française dans la région. Cette série de décisions démontre un rejet croissant de la présence militaire française en Afrique, sur fond de sentiment anti-français de plus en plus palpable.
Les bases militaires françaises en Afrique
La France maintient plusieurs bases militaires permanentes à travers le continent africain, notamment à Djibouti, au Tchad, au Gabon, en Côte d'Ivoire et au Sénégal. Ces bases constituent des points stratégiques pour la projection de la puissance militaire française en Afrique. À Djibouti, le contingent militaire français est le plus important hors de France, avec environ 1 500 soldats, tandis qu’au Tchad, en Côte d'Ivoire, au Gabon et au Sénégal, la France stationne respectivement 1 000, 600, 350 et 350 soldats.
Toutefois, un rapport récemment préparé par Jean-Marie Bockel, le représentant spécial du président Emmanuel Macron pour l'Afrique, recommande une réduction significative de ces effectifs. Selon ce rapport, la France pourrait réduire son nombre de soldats au Tchad à 300 et limiter les effectifs au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Gabon à 100 soldats par pays. Le rapport ne préconise toutefois pas de réduction concernant la base de N'Djamena, établie en 1977.
La France en perte de terrain au Sahel
Le retrait progressif des forces françaises des pays du Sahel a commencé en 2020, après la prise de pouvoir d’Assimi Goita au Mali. En février 2022, le Mali a exigé le départ immédiat des troupes françaises déployées dans le cadre de l’opération Barkhane, qui regroupait environ 5 000 soldats dans cinq pays sahéliens. En mai 2022, le pays a mis fin à sa coopération militaire avec la France, et la base militaire française de Gao a été fermée. Le Burkina Faso, sous la direction du gouvernement militaire d’Ibrahim Traoré, a emboîté le pas, expulsant l’ambassadeur français en janvier 2023 et demandant le retrait des troupes françaises déployées dans le pays. En février 2023, 400 soldats français ont quitté le Burkina Faso dans le cadre de l’opération Sabre.
Après ces départs, la France a tenté de redéployer ses forces au Niger, son dernier allié dans la région du Sahel, mais le coup d'État de juillet 2023 à Niamey a bouleversé ses plans. Le gouvernement militaire nigérien a immédiatement mis fin à la coopération militaire avec la France, déclarant son ambassadeur "persona non grata". En décembre 2023, la France a fermé son ambassade à Niamey et retiré les 1 500 soldats stationnés au Niger, marquant ainsi la fin de ses opérations dans la région.
La Russie en forte ascension en Afrique
En parallèle à l'affaiblissement de la présence française, les pays du Sahel, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, se sont progressivement tournés vers la Russie. Des mercenaires du groupe Wagner ont été aperçus sur le terrain au Mali, au Burkina Faso et au Niger, et la Russie a renforcé sa présence diplomatique et militaire dans ces pays. Le vice-premier ministre russe, Alexandre Novak, s’est récemment rendu dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), où il a discuté avec les dirigeants locaux des possibilités de coopération, notamment dans les domaines de l’énergie, de la défense et de l’agriculture.
Le président russe Vladimir Poutine a également échangé avec son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye, confirmant l’intention de Moscou d’approfondir ses relations avec le Sénégal et d’autres pays africains. Cette volonté de coopération dans plusieurs secteurs a été saluée par le président Faye, illustrant un tournant dans la politique étrangère du Sénégal, désormais plus enclin à diversifier ses partenariats internationaux.
K.S
Intégration BF