La Côte d'Ivoire annonce le retrait des troupes françaises : un tournant dans la coopération militaire bilatérale

Publié le 2 Janvier 2025, 17:26pm

Catégories : #AFRIQUE

Le mercredi 1er janvier 2025, la Côte d'Ivoire a annoncé officiellement que les troupes françaises quitteraient le pays après plusieurs décennies de présence militaire. Cette décision marque un tournant majeur dans les relations entre les deux nations et intervient moins de deux mois après la publication d’un rapport portant sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique. Ce rapport, qui prévoyait un renouvellement du partenariat entre la France et ses anciennes colonies africaines, accompagnée toutefois d’une réduction substantielle du nombre de militaires déployés en Côte d'Ivoire, a ouvert la voie à cette annonce historique.

Dans son allocution, le président ivoirien Alassane Ouattara a précisé que le retrait des forces françaises se ferait de manière « concertée et organisée ». La 43ème base du Bataillon d’Infanterie de Marins Français (BIMA), située à Port-Bouët, dans la commune d'Abidjan, sera ainsi restituée aux forces armées ivoiriennes dès janvier 2025. Cette rétrocession est un symbole fort de l’évolution des relations bilatérales entre les deux pays et d’une volonté de renforcer la souveraineté militaire de la Côte d'Ivoire.

Le président Ouattara a ajouté que la base de Port-Bouët serait placée sous commandement ivoirien et qu’elle porterait désormais le nom du général Thomas d’Aquin Ouattara, premier chef d’état-major des armées ivoiriennes, en hommage à sa contribution à l’histoire militaire du pays. Ce geste est également un signe de reconnaissance et de respect envers l’héritage des forces armées ivoiriennes et leur rôle clé dans la préservation de la stabilité du pays.

Avec ce changement, la présence militaire française en Côte d'Ivoire subira une réduction significative. Le nombre de soldats français présents sur le sol ivoirien passera de 600 à environ une centaine. Bien que la coopération entre les deux nations en matière de défense ait été jugée globalement positive, cette nouvelle étape marque un tournant historique dans la relation entre la France et la Côte d'Ivoire. Ce retrait des troupes françaises, un phénomène inusité depuis la crise de 2002 et l’intervention française de 2011, semble signaler un éloignement de la logique d’intervention directe de l’ancienne puissance coloniale dans les affaires ivoiriennes.

Néanmoins, malgré cette réduction de la présence militaire, la Côte d'Ivoire demeure un allié stratégique et un partenaire clé de la France en Afrique de l'Ouest. La coopération franco-ivoirienne se poursuit sur plusieurs fronts, en particulier dans les domaines de l’économie, de la diplomatie et de la lutte contre le terrorisme dans la région. Le retrait des troupes françaises n’indique pas une rupture des relations, mais plutôt une nouvelle phase où la Côte d'Ivoire assume davantage de responsabilités en matière de sécurité nationale, tout en restant engagée dans des partenariats régionaux et continentaux.

Cette décision, bien que symbolique, s'inscrit dans un contexte plus large de réajustement des politiques de défense et de sécurité en Afrique, notamment dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et des initiatives visant à renforcer l'autonomie des pays africains en matière de sécurité. Alors que les interventions militaires françaises sur le continent ont été critiquées ces dernières années, notamment en raison de la perception d’une ingérence extérieure, cette nouvelle dynamique pourrait marquer un changement dans la manière dont les puissances étrangères, dont la France, interagiront avec les pays africains dans les années à venir.

En résumé, la rétrocession de la base militaire de Port-Bouët aux forces armées ivoiriennes est bien plus qu’un simple réajustement logistique. Elle représente un acte symbolique de souveraineté pour la Côte d'Ivoire, un changement de paradigme dans les relations militaires avec la France et un signe d'une transition vers une coopération plus équilibrée, tout en consolidant les liens stratégiques entre les deux nations.

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