
Dans le camp de Bulengo, à Goma, les bruits des marteaux résonnent alors que les habitants, contraints de quitter leurs abris précaires, s’efforcent de démonter ce qui leur servait de refuge. Depuis samedi dernier, un ultimatum a été lancé par les rebelles du M23, leur donnant trois jours pour évacuer la zone.
Cette situation marque un tournant tragique pour des milliers de personnes ayant déjà fui les violences récurrentes qui dévastent l’est de la République Démocratique du Congo. Des camps comme Bulengo et Lushagala accueillaient ces familles déracinées, mais aujourd’hui, ces dernières se retrouvent une nouvelle fois sans abri, dans un contexte de plus en plus instable.
« Je ne sais pas ce que nous allons devenir. J’ai des enfants, et à ma grande surprise, on nous ordonne de partir sans nous donner la moindre aide », déplore Sibomana Safari, un résident du camp de Bulengo, les bras chargés de quelques effets personnels. « Nous partons tous sans aucune assistance », ajoute-t-il, l’angoisse palpable dans la voix.
Le M23, qui a récemment pris le contrôle de Goma, affirme vouloir rétablir les services de base, tels que l’accès à l’eau potable et à l’éducation. Cependant, la population, déjà traumatisée par les violences passées, craint que la situation ne se dégrade davantage et redoute une aggravation de la crise humanitaire. À Goma, les corps s’accumulent dans les rues, tandis que les secours peinent à fournir des services d’urgence et à enterrer les victimes des combats récents.
Pour les déplacés, le dilemme est cruel : quitter un camp de fortune sans savoir où aller, ou rester sous la menace des armes. « Tout ce que nous voulons, c’est la paix. Nos maisons ont été détruites par les bombardements, et nous n’avons nulle part où aller. Il serait peut-être préférable que l’on nous laisse ici. Même si nous manquons de nourriture, au moins nous avons un abri », témoigne Kwimana Sifa, épuisée, tout en démontant sa cabane.
Les organisations humanitaires tirent la sonnette d’alarme face à cette nouvelle vague de déplacements forcés. « Il est crucial de garder à l’esprit que tout mouvement de population accroit la vulnérabilité des déplacés, ainsi que des populations résidentes », avertit Oonagh Curry, coordinatrice des urgences pour Médecins Sans Frontières (MSF). « Plus le nombre de déplacés augmente, plus la précarité se fait sentir. Un déplacement soudain et massif ne peut que précipiter une détérioration encore plus grave de la crise humanitaire déjà en cours. »
Avant l’avancée du M23, les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu comptaient déjà plus de 4 millions de déplacés internes. Aujourd’hui, avec l’évacuation des camps, ce chiffre risque de connaître une nouvelle hausse, condamnant des milliers de personnes à errer sur les routes, sans aucune garantie de sécurité ou d’assistance. Le fardeau de la crise humanitaire s’alourdit ainsi, plongeant encore davantage les victimes du conflit dans l’incertitude et la souffrance.
Intégration BF
Source: Africanews