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Le retrait des institutions onusiennes et de mécanismes, tels que ceux chargés de la protection de l’environnement et des terres, au bénéfice de la génération actuelle – et surtout de celles à venir –, ainsi que le rapatriement massif d’immigrants en situation irrégulière, l’arrêt du programme d’information dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la fermeture provisoire de l’Agence américaine d’aide au développement (USAID) constituent autant de mesures impulsives adoptées par Donald Trump dès son investiture, tant sous la 45ᵉ que sous la 47ᵉ présidence des États-Unis.
Si des décisions similaires ont également touché des pays comme le Mexique, le Panama, la Chine ou le Canada, force est de constater que les populations les plus vulnérables – notamment celles d’Afrique – supportent le fardeau le plus lourd de la suspension des aides américaines. La maxime « L’Amérique d’abord », jadis énoncée par Donald Trump, traduisait déjà, lors de son premier mandat, le peu d’intérêt qu’il portait au continent noir.
Dans un contexte où une culture de l’assistanat semble s’être enracinée, les Africains demeurent dans l’expectative, espérant, presque en vain, que des forces supérieures ou ancestrales viennent remédier à leur détresse. Pendant ce temps, le train de vie de l’État continue de s’alourdir, tandis que l’inflation écrase le pouvoir d’achat des ménages. Les enfants issus de foyers modestes subissent les affres de la faim, alors que des élites, s’enrichissant aux dépens du plus grand nombre, gaspillent des ressources qui pourraient, sur le long terme, nourrir des populations entières.
Les salaires dérisoires ne permettent guère aux travailleurs, tant du secteur public que privé, d’atteindre un niveau de vie décent, tandis que les fortunes des dirigeants s’envolent, dissimulées dans des comptes bancaires – en Suisse, en France, aux États-Unis ou dans divers paradis fiscaux. Parallèlement, les établissements de santé, en proie à des pénuries criantes, se transforment en véritables mouroirs, tandis que les privilégiés, abusant des ressources de l’État qui auraient dû être réparties équitablement, voyagent à l’étranger pour soigner des maux parfois insignifiants.
Il en va de même pour les déplacés internes fuyant les conflits et le terrorisme, ainsi que pour les nombreux patients vivant avec le VIH/SIDA, dont la survie dépend en grande partie des médicaments fournis par l’USAID. Si cet assèchement brutal de l’aide américaine se poursuit, une véritable hécatombe semble inéluctable. Paradoxalement, le pactole amassé par des dirigeants corrompus – qui privilégient leurs intérêts personnels au détriment du bien commun – dépasse souvent de cinq à dix fois le montant des aides accordées par les partenaires techniques et financiers.
Moins d’égoïsme, de voracité et d’avidité permettrait indubitablement de conserver davantage de ressources sur le continent, afin non seulement de sauver des vies en péril, mais également de favoriser le développement de l’Afrique. Par ailleurs, une lutte sincère et résolue contre la corruption, qui est devenue le triste emblème du paysage politique, permettrait aux gouvernants comme aux populations de ne plus se lamenter dès que le signataire d’un décret, logé à la Maison Blanche, en appose la signature.
Il apparaît dès lors impératif pour l’Afrique d’opérer une mise à jour de ses mécanismes de gouvernance, car, comme le rappelle le proverbe : « dormir sur la natte d’autrui, c’est dormir par terre ». L’historien et homme politique, le professeur Joseph Ki-Zerbo, s’il était encore parmi nous, aurait sans doute ajouté que « l’on ne développe pas, on se développe ».
Intégration BF