/image%2F6928548%2F20250306%2Fob_7ae96d_3-1.jpg)
Le Président de la Délégation Spéciale de l'Arrondissement 3 de Bobo-Dioulasso, Monsieur Kizito Dabiré, a annoncé le lancement d'une opération de démolition des constructions spontanées, prévue à partir du 12 mars prochain. Cette opération touchera particulièrement les habitats non autorisés situés dans la zone destinée à accueillir la future zone industrielle, le long de la route de Léguéma et aux environs du site réservé à la construction du nouveau stade de 15 000 places, tous localisés dans l’Arrondissement 3. Les habitants concernés par cette mesure s’étaient rendus à la Direction régionale de l’Urbanisme le 28 février dernier à Bobo-Dioulasso, ainsi qu’à la Mairie de l’Arrondissement 3. Selon leurs déclarations, ils affirment n’avoir jamais été informés de l’existence d’une interdiction de construire dans ces zones. Si tel avait été le cas, assurent-ils, ils n’auraient pas pris le risque de réaliser des constructions sur des terrains qui, selon eux, ne leur étaient pas officiellement destinés.
Une situation de crise secoue actuellement les habitants de la zone non lotie de Léguéma, située dans l’arrondissement 3 de Bobo-Dioulasso. En effet, le Président de la Délégation Spéciale (PDS) de cette commune, Kizito Dabiré, a ordonné, le lancement d’une opération de démolition des constructions spontanées dans cette zone, à partir du 12 mars prochain. Cette mesure survient après une visite de terrain effectuée par les autorités locales, le 27 février 2024 qui ont invité les résidents de cette zone à quitter les lieux, ces terrains étant destinés à des projets d’aménagement d’envergure.
Une zone qui semblait libre d’accès
Les habitants de la zone non lotie de Léguéma se retrouvent aujourd’hui dans une impasse. Pour beaucoup, cette zone était perçue comme un espace disponible pour l’installation de nouvelles habitations, et ce, sans qu’ils n’aient eu connaissance de son affectation à un projet futur. Parmi ces habitants, plusieurs ont investi de manière significative, que ce soit pour y construire des logements ou pour entreprendre des projets de développement.
Doulgou Moussa, l’un des responsables de la vente des terrains dans cette zone, explique sa surprise face à la décision de démolition. Selon lui, de nombreux lots avaient été vendus à des particuliers, sans aucune indication de leur affectation future. "J'ai vendu plusieurs parcelles destinées à des concessions. Je n'avais aucune idée que cette zone était réservée à d'autres travaux. Je ne suis pas le seul dans ce cas", témoigne-t-il. Il poursuit en soulignant que ces terrains avaient été achetés auprès des propriétaires terriens, des personnes encore en vie, et que ceux-ci ne leur avaient jamais précisé que ces terres étaient réservées à des projets publics. "Nous avons payé pour ces terrains en fonction de l’hectare, puis nous avons procédé à leur morcellement et les avons vendus aux intéressés."
habitants inquiets et désemparés
Le climat est particulièrement tendu parmi les résidents de la zone. Nombreux sont ceux qui, comme Kanazoé Seydou, se retrouvent désemparés devant cette décision. Cet investisseur, qui a aménagé une partie de son terrain en y installant un forage servant à l'approvisionnement en eau potable de tout le village, est consterné par la nouvelle. "J’ai investi énormément dans ce projet. Je ne peux pas croire que tout cela soit mis en péril par une simple décision administrative. J’ai installé un forage qui est utilisé par tout le village, j’héberge aussi des déplacés internes. Maintenant, je me demande où je vais les loger, et quel avenir reste pour moi. C’est une véritable perte", se désole-t-il.
La colère et l’incompréhension sont partagées par d’autres habitants, comme Belem Issouf, qui exprime également sa frustration. "Nous avons investi dans cette zone parce que nous croyions que c’était un endroit où nous pouvions vivre en toute sécurité. Personne ne nous a jamais dit que ces terrains étaient réservés à des projets futurs", affirme-t-il. "La situation économique est déjà difficile, et maintenant, on nous demande de quitter nos maisons, nos projets, sans nous offrir d'alternative. Où allons-nous aller ?", s'interroge-t-il, visiblement abattu. Il demande aux autorités locales de revoir leur décision et de trouver une solution à cette crise. "Nous demandons aux autorités de réfléchir avant d’agir. La situation n'est déjà pas facile, et la destruction de nos investissements ne fera qu'aggraver notre situation. Nous demandons qu’on nous recense et qu’on nous trouve une autre localité où nous pourrions nous installer."
/image%2F6928548%2F20250306%2Fob_9abcce_3.jpg)
Un besoin urgent de dialogue et de solutions
La réaction des autorités locales face à cette situation est attendue avec impatience, mais pour l’heure, les résidents se trouvent dans une situation de grande précarité. Les habitants de Léguéma sont nombreux à se sentir délaissés et à exprimer une forme d’indignation face à ce qu’ils perçoivent comme un manque de communication et de transparence. Les promesses de compensation ou de relogement demeurent floues, et la plupart des résidents ignorent où ils pourraient être relogés.
Certains se sont déjà rendus à la Mairie de l'Arrondissement 3 ainsi qu'à la Direction régionale de l’Urbanisme, où ils ont tenté d’obtenir des réponses concrètes. Mais jusqu’à présent, aucune solution satisfaisante n’a été proposée pour ces habitants qui ont pour la plupart investi des économies de toute une vie dans cette zone.
L’heure est désormais à l’incertitude pour ces résidents, pris au piège entre un investissement qui semble voué à l’échec et une décision qui les prive de leur toit. La question qui brûle toutes les lèvres demeure : où vont-ils aller ?
Un avenir flou, mais l’espoir d’un dialogue
Alors que l'opération de démolition approche à grands pas, les habitants de la zone non lotie de Léguéma espèrent encore une issue favorable. Ils réclament un dialogue avec les autorités pour discuter des solutions possibles, notamment en ce qui concerne leur relogement ou une forme de compensation pour leurs investissements. Le temps presse, et la situation des résidents semble de plus en plus précaire à mesure que la date fatidique du 12 mars se rapproche.
Leurs appels à la responsabilité des autorités et à une réflexion plus approfondie sur l'impact de cette décision soulignent une nécessité urgente de trouver un compromis. Reste à savoir si le gouvernement local entendra cette voix de la détresse et proposera des alternatives avant la mise en œuvre de la démolition.
Abdalah KABORE
Intégration BF
er.