États-Unis: Expulsions de migrants vénézuéliens vers le Salvador malgré une décision de justice

Publié le 17 Mars 2025, 09:10am

Malgré une décision de justice fédérale suspendant temporairement les expulsions de migrants, les autorités américaines ont procédé, ce dimanche, à l’expulsion de plusieurs centaines de migrants vénézuéliens vers le Salvador, une démarche qui s’inscrit dans le cadre d’une politique migratoire de plus en plus externalisée.

Un vol affrété par les États-Unis a atterri au Salvador, transportant des centaines de migrants vénézuéliens qui avaient été expulsés du territoire américain. Cette opération s’est déroulée en dépit d’une ordonnance judiciaire, rendue la veille, suspendant les renvois. Les autorités américaines ont justifié ce transfert en invoquant l’impossibilité de stopper des vols déjà programmés.

Washington a avancé que les migrants renvoyés étaient liés au Tren de Aragua, un gang criminel vénézuélien opérant à travers l’Amérique latine. Toutefois, aucune preuve tangible n’a été présentée pour étayer ces accusations. Ces expulsions rappellent les renvois massifs de migrants haïtiens, opérés depuis 2021, où des milliers de personnes ont été refoulées sans la possibilité réelle de soumettre une demande d’asile.

Le Salvador, nouvelle étape dans la politique migratoire américaine

À leur arrivée au Salvador, les migrants vénézuéliens ont été immédiatement dirigés vers le CECOT, la plus grande prison d’Amérique latine, où ils sont placés sous la surveillance d'unités anti-émeute. Ce centre pénitentiaire ultra-sécurisé, devenu le symbole de la répression violente du président salvadorien Nayib Bukele, joue un rôle central dans la politique migratoire de plus en plus externalisée des États-Unis.

Ce transfert s’inscrit dans le cadre d’un accord signé en février 2024 entre les gouvernements de Washington et de San Salvador. En vertu de cet accord, les États-Unis délèguent la gestion des migrants jugés indésirables au Salvador, en échange d’un soutien financier de la part de Washington.

Une politique migratoire externalisée et controversée

Depuis plusieurs années, les États-Unis ont adopté une approche migratoire basée sur des accords bilatéraux avec des pays tiers, permettant de sous-traiter la gestion des migrants. Outre le Salvador, des expulsions similaires ont concerné des pays tels que le Mexique et d'autres États d'Amérique latine. Cette stratégie vise à alléger la pression migratoire sur le territoire américain, tout en évitant d'avoir à traiter un nombre croissant de demandes d'asile.

Cependant, cette politique est fortement critiquée pour ses risques en termes de violations des droits humains, en particulier en ce qui concerne les conditions d'accueil et de traitement des expulsés dans les pays partenaires. Le manque de garanties pour les migrants refoulés soulève des inquiétudes quant à leur sécurité et à leur accès à une protection adéquate.

En poursuivant ces expulsions malgré l'interdiction judiciaire, l’administration américaine confirme ainsi un durcissement de sa politique migratoire, mettant en lumière l'externalisation croissante de ses responsabilités vis-à-vis des migrants, au détriment de leurs droits fondamentaux.

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Source: Africanews