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Sous un ciel couvert annonçant l’hivernage, les moteurs des véhicules de la caravane de presse ronronnent alors que le convoi quitte les artères de la ville pour prendre la direction des sites industriels. Le 23 mai 2025 à Bobo-Dioulasso, STAB : une huilerie régionale engagée dans la fortification reçoit cette étape de la campagne d’investigation organisée par le Club des Journalistes et Communicateurs pour la Nutrition et la Sécurité Alimentaire (CJCN-SA), en partenariat avec la coopération allemande, a un objectif clair : évaluer la réalité de la fortification de l’huile végétale en vitamine A dans les unités de transformation locales.
L’enjeu est de taille. L’huile alimentaire, omniprésente dans la cuisine burkinabè, est aussi un vecteur privilégié pour l’enrichissement en micronutriments, dans un pays où la malnutrition, notamment infantile, reste une préoccupation majeure. Encore faut-il que la fortification, inscrite dans les textes, soit une réalité concrète sur le terrain.
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L' escale mène l’équipe à l’Huilerie de la Société de Transport Agroalimentaire du Burkina (STAB). Derrière un portail discret, une chaîne de production s’active avec méthode. Ici, c’est Assita Coulibaly, responsable du contrôle qualité, qui nous ouvre les portes du processus. Dans sa blouse immaculée, elle nous explique, avec précision, les étapes techniques :
« La fortification en vitamine A existe dans notre huilerie. Pour notre cube de 4 fûts, nous utilisons 25 grammes de vitamine A pour 800 litres d’huile. La vitamine est pesée, incorporée, puis mélangée pendant 30 minutes avant le conditionnement. »
Une opération minutieuse, réalisée sous l’œil vigilant de techniciens formés. D’ailleurs, selon elle, la dernière mission de contrôle du Laboratoire National ANSSEAT, en mars dernier, a confirmé la conformité du processus.
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« Nous sommes conscients des enjeux. Et nous respectons nos engagements », affirme-t-elle avec conviction.
Le directeur technique, Ibrahim Sanogo, rappelle de son côté que la STAB emploie 25 permanents et plus de 80 saisonniers, preuve du rôle socio-économique que joue l’huilerie dans la région.
Dans son bureau sobre, Sory Sanogo, promoteur de la STAB et homme d’expérience ayant plus de 20 ans de métier, nous reçoit. Habillé d’un large boubou violet, il parle avec passion de son entreprise :
« Pour nous, la fortification est essentielle. Toute huile de coton ou de soja qui sort d’ici est enrichie en vitamine A. Et cela, sous le contrôle rigoureux de l’ANSSEAT et de l’ABNORM. »
Mais derrière la rigueur, les difficultés économiques ne sont jamais loin.
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« L’huile de coton est l’une des meilleures huiles alimentaires. Pourtant, nous n’arrivons pas à écouler nos stocks. L’huile importée, souvent moins chère, envahit le marché. Chez nous, la graine coûte de plus en plus cher. Cette année, son prix a grimpé, ce qui se répercute sur le prix final de notre huile. »
Face à cette concurrence déloyale, Sory Sanogo plaide pour un meilleur soutien des autorités, afin de protéger la production locale.
« Au Bénin, par exemple, les coûts sont plus bas. Mais ici, au Burkina Faso, nous faisons des efforts et nous croyons à la philosophie du chef de l’État, le capitaine Ibrahim Traoré, qui veut relancer notre industrie. »
Cet industriel chevronné, lauréat de plusieurs prix nationaux et internationaux, conclut avec un appel solennel :
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« Nous demandons aux autorités de réfléchir sérieusement à nos préoccupations. Le développement industriel est une clé pour la souveraineté économique du pays. »
L’usine s’inscrit dans la même dynamique d'offrir aux consommateurs une huile de qualité, enrichie en micronutriments, dans le respect des normes.
Selon Olivia Bambara, chargée des questions environnementales.
« Nous faisons attention à limiter la pollution. Le ministère de l’Environnement effectue des visites inopinées. Mais nous respectons notre cahier des charges. »
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Une filière à soutenir pour une nutrition durable
Cette immersion dans les unités de transformation de Bobo-Dioulasso met en lumière une industrie burkinabè qui se bat pour survivre, dans un contexte de mondialisation féroce. Les producteurs locaux d’huile fortifiée s’efforcent de respecter les normes, malgré la pression de la concurrence et les coûts de production élevés.
La caravane du CJCN-SA aura permis non seulement de constater les bonnes pratiques, mais aussi de documenter les défis structurels de la filière. En toile de fond, un message essentiel : la fortification des aliments n’est pas un luxe, mais une nécessité de santé publique, notamment pour les enfants, les femmes enceintes et les populations vulnérables.
Il appartient désormais aux décideurs politiques, aux institutions et aux consommateurs eux-mêmes de prendre conscience de ces réalités et de soutenir, concrètement, les acteurs locaux engagés pour une nutrition de qualité au Burkina Faso.
Krismo Abdalah KABORE
Intégration BF