/image%2F6928548%2F20250516%2Fob_8abc8b_naba.jpg)
C’est dans la solennité séculaire du palais royal du Moogho Naaba, cœur symbolique et spirituel du royaume moaga, que s’est tenue la 2ᵉ édition de la Journée des coutumes et traditions, placée sous le thème hautement évocateur : « L’éducation dans le Moogho, un terreau fertile de promotion du patriotisme, du civisme, des valeurs coutumières et traditionnelles ». C’était le 15 mai 2025 à Ouagadougou.
L’événement a rassemblé une assistance de marque, composée de chefs coutumiers, représentants de l’État, responsables politiques, dignitaires religieux et membres de la société civile, ainsi qu’une foule nombreuse venue communier dans le respect des us et traditions ancestrales. Tous ont répondu à l’appel du Moogho Naaba Baongo, souverain respecté dont la parole et les gestes incarnent l’autorité morale, l’équilibre et la continuité culturelle de la nation moaga.
Fidèle à la tradition, la journée a débuté par le rituel des salutations à Sa Majesté, manifestation d’allégeance et de respect profond à l’autorité coutumière suprême. Dans ce cérémonial immuable, empreint de dignité et de discipline, les gestes, les postures et les paroles prononcées inscrivent l’événement dans la continuité d’un patrimoine vivant transmis de génération en génération.
C’est par la voix du Ouidi Naaba, porte-parole attitré du Moogho Naaba, que le message royal a été délivré à l’assistance. Un message d’une grande portée morale, insistant sur l’urgence d’une éducation fondée sur les valeurs traditionnelles, à même de redonner cohésion et repères à une société burkinabè confrontée à de multiples défis.
« Sa Majesté m’a chargé de vous dire que l’éducation est la clé. C’est par elle que l’on apprend à distinguer le bien du mal, à vivre en harmonie avec les autres, à respecter les règles qui gouvernent la société », a-t-il rappelé.
/image%2F6928548%2F20250516%2Fob_73b2c8_na.jpg)
L’éducation traditionnelle comme fondement du civisme et du patriotisme
Au-delà des mots, c’est toute une vision éducative intégrée qui a été défendue par le Moogho. Loin de se limiter à la sphère scolaire, l’éducation est perçue ici comme une entreprise collective, nourrie par les proverbes, les rites d’initiation, les récits oraux, les chants, la discipline communautaire et le respect des anciens.
Dans le Moogho, chaque adulte est un vecteur d’apprentissage. L’enfant n’est pas seulement formé par ses parents, mais par toute la communauté. L’écoute des aînés, le respect de la parole donnée et la valorisation des liens intergénérationnels sont des piliers indéfectibles du vivre-ensemble.
C’est pourquoi, dans son adresse, le Moogho Naaba a lancé un appel appuyé à la jeunesse, l’invitant à se reconnecter à ses racines culturelles et à se nourrir des enseignements du passé pour forger un avenir éclairé.
Reconnaissance et prières pour la nation
L’événement a également été l’occasion d’une reconnaissance institutionnelle. Des attestations d’honneur ont été décernées à plusieurs hautes autorités nationales, dont le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, et le président de l’Assemblée législative de transition, Ousmane Bougouma, en guise de gratitude pour leurs efforts dans la consolidation de l’unité nationale et la préservation des valeurs républicaines.
Le ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, le général de brigade Célestin Simporé, a reçu la distinction au nom du chef de l’État. Dans un discours vibrant, il a salué la portée éducative de cette journée, tout en soulignant la nécessité pour chaque Burkinabè de « connaître ses origines, afin de mieux orienter ses pas vers l’avenir ».
« Celui qui ignore d’où il vient est condamné à errer. L’éducation des enfants est notre devoir le plus sacré. Le futur de notre nation dépend des graines que nous semons aujourd’hui », a-t-il affirmé avec conviction.
Le général Simporé a par ailleurs rappelé que la tradition n’est pas en opposition avec la modernité, mais qu’elle en est le socle caché, trop souvent ignoré dans la construction des politiques publiques.
Un ancrage culturel pour un avenir partagé
Les prières ont été élevées pour la paix, la sécurité, l’harmonie sociale et l’abondance agricole. Car, dans une société profondément enracinée dans la ruralité, la prospérité est étroitement liée à l’équilibre entre les hommes, la nature et les forces invisibles.
Cette journée de célébration et de réflexion a mis en lumière une réalité fondamentale : la modernité ne peut être authentiquement féconde que lorsqu’elle est nourrie des sources profondes de la culture et des traditions. Elle a aussi permis de réaffirmer que l’éducation traditionnelle, loin d’être obsolète, demeure un outil précieux de résilience morale, de stabilité sociale et de construction citoyenne.
À travers cette 2ᵉ édition, le Moogho a donc réaffirmé son rôle de gardien de la mémoire et d’architecte de la cohésion nationale. Un rôle dont l’importance ne fait que croître, à mesure que les repères vacillent et que les sociétés cherchent à se réinventer sans renier leur passé.
Intégration BF