Rituel « Djibon International » à Bobo-Dioulasso : un appel solennel au retour aux sources pour la cohésion nationale

Publié le 2 Juin 2025, 01:34am

Des officiants kamites exécutent les rites traditionnels en hommage aux ancêtres, sur les berges sacrées du marigot Kua.

Ce dimanche 1er juin 2025, les berges du marigot Kua à Bobo-Dioulasso ont de nouveau résonné des échos sacrés du Djibon International, un rituel ancestral organisé par l’association Bêma-Sooré en hommage aux ancêtres. À travers cette cérémonie de libation, des voix empreintes de ferveur ont plaidé pour un retour assumé aux racines culturelles, perçu comme un ferment de paix, de stabilité et de prospérité pour le Burkina Faso.

Institué comme un rendez-vous spirituel d'envergure, le Djibon International s’inscrit désormais dans le calendrier rituel de la communauté kamite. Chaque premier dimanche du mois de juin, simultanément au Burkina Faso et dans plusieurs pays d’Afrique et de la diaspora, les adeptes de la tradition africaine invoquent la mémoire des ancêtres, sollicitant leur protection, une bonne pluviométrie et la bénédiction de la nation.

Ouarablé Marc Sanon, a salué l'engagement de la jeunesse

Dans la pure tradition kamite, des libations ont été versées eau, dolo, et sang d’animaux pour honorer les esprits et renforcer le lien mystique entre les vivants et les disparus. Le président de l’association Bêma-Sooré, Sié Kambiré, a rappelé l’essence de cette démarche : « Le retour à nos sources, c’est renouer avec nos valeurs fondatrices, réfléchir par nous-mêmes et invoquer le divin selon les normes de nos aïeux ». Il a précisé que les sacrifices de cette édition portaient sur trois piliers : l’expression de gratitude envers les ancêtres, l’aspiration à la paix et à la santé collective, et le vœu d’abondance spirituelle et matérielle pour tous.

Le thème retenu pour cette sixième édition « Le retour aux sources, facteur de cohésion sociale » résonne fortement dans un contexte national troublé. Pour les traditionalistes présents, la crise sécuritaire et les tensions sociales que traverse le Burkina appellent à un enracinement dans les fondements culturels et spirituels. La cérémonie, empreinte de symbolisme, a ainsi pris une dimension militante, appelant à une revalorisation des pratiques traditionnelles comme catalyseur de résilience et de solidarité.

Le doyen Ouarablé Marc Sanon, parrain de l’événement, a salué l'engagement de la jeunesse : « Là où les anciens ont échoué, les jeunes sont en train de réussir. Le retour à nos sources, c’est vivre notre vraie identité. C’est refuser de n’être ni oiseaux, ni souris, mais pleinement nous-mêmes. »

Parmi les participants venus de l’étranger, Shenuti Kaba de l’Afocentricity Internationale (division Côte d’Ivoire) a tenu à faire le déplacement à Bobo-Dioulasso. Pour elle, la commémoration transcende les frontières : « Cette journée est hautement symbolique. Elle nous permet d’honorer les ancêtres, de leur présenter nos doléances, mais aussi de leur dire merci. » Elle a exprimé sa joie de partager ce moment avec ses « frères kamites du Burkina », insistant sur l’unité spirituelle de tous les Africains.

À travers ce rituel profondément enraciné dans la tradition, les kamites de Bobo-Dioulasso ont réaffirmé leur foi en un avenir apaisé, guidé par les valeurs de transmission, de reconnaissance et de souveraineté culturelle.

Intégration BF